AAFIR - LA PLACE PUBLIQUE
La place Aafir est le centre névralgique du village, regroupant des commerces locaux, un parking pour véhicules, ainsi que l’arrêt des minibus (fourgons). On y trouve également l’imposante mosquée du village.
Lieu privilégié pour les cérémonies villageoises, telles que le timechret et autres festivités, elle sert aussi de lieu de réunion pour les assemblées de la tajmaàt au sous sol de la mosquée derrière laquelle se dresse la stèle des martyrs de la révolution, en hommage à ceux qui ont sacrifié leur vie pour l’indépendance de l’Algérie
Les « Ath Vou Chenacha » sont une fédération spécifique de familles d’Agouni-Gueghrane rattachée à la confédération des ATH SEDKA.. Comme de nombreuses familles en Kabylie, les ATH VOU CHENACHA ont leur propre histoire. Les habitants de notre village ont joué un rôle actif dans la préservation de leur identité culturelle et ont contribué de manière significative à la diversité culturelle de l’Algérie..
L’origine de cette appellation est liée à la culture et au commerce du sorgho et du millet (el bechna) par leurs ancêtres.
LES FAMILLES D' AGOUNI-GUEGHRANE
AT DRISS
AT WALI : AOUANI/ATTOUI/AZEM/BEDDEK/KEDDAR
AT LHUSIN : AOUANE/BAHIRI
AT ALI UQACI : BACHEN/BACHOUCH/BAGUENANE
AT MSAWD
AT MSAWD :BATTOU/BELAZOUZ/BELDI
AT HAMOU :BAROUNE/BAZI/ZERRAR
AT UDERMEC
AT HMED : ADIL/AGUENI/AID
AT AMRAN : ABANI/ABCHICHE/BELFADEL/AMRANI
AT AMAR : ABDAOUI/ACHAB/ADANE/ABDOUNE
AT ALI UMSAWD : AKIL/AKNINE/AKEB/ALLICHE
AT MNA : ALLEK
AT SLIMAN
AT MUHD WEHMED : BEKRI
AT MSAWD WALI : BAIT/BAOUANE/BAKDI/ZENATI
AT AYCOUC : BEKDACHE
AT YIDIR :ARAB/AREZKI/ARKAM
AT CABAN : BELAMRI
Ô ! MA CHÈRE ECOLE !
Toi qui as vu ma naissance sans que j’aie vu la tienne
Toi qui verras ma mort sans que je voie la tienne
Permets moi de raconter ton histoire au public, en particulier à tous ceux qui ont piétiné ta petite cour de récréation. En 1885 Jules Ferry, ministre français a décrété en France l’enseignement gratuit et obligatoire, au moment même où il poussait à l’extension de la colonisation (Indochine, Madagascar).
En 1895, des écoles ont été ouvertes en Kabylie : Taourirt Mimoun, Aghrib, Ighil Imoula, Ait Ouabane, dans l’intention de former les premiers éléments susceptibles de prendre la relève. Comme prévu, certains de ces établissements avaient été couronnés de succès et les premiers brevetés étaient dirigés, sur concours, au cours normal de Bouzareah qui formera les premiers instituteurs indigènes, particulièrement à la grande rentrée scolaire d’Octobre 1919 (fin de la première guerre mondiale).
Notre école, au pied du rocher des Corbeaux a été construite en 1913 en même temps qu’une pléthore d’établissement scolaires à raison d’une école, à classe unique, pour chaque agglomération en Kabylie (Azounène, Tizi Mellal, Agouni Fourou, Taguemount El Djedid, Cherfa, Ait Mallem, Ait Djima…). Seuls les villages où s’étaient installé les Pères Blancs avaient été écartés (les Ouadhias par exemple).
Deux villages voisins : Aguni-Gueghrane et Tafsa Boumad ont été dotés d’une école pilote (deux classes). L’inspecteur primaire y avait son lit en cas de pérégrination.
Ces écoles étaient prêtes à fonctionner en octobre 1914. La déclaration de guerre (Franco-Allemande) en avait décidé autrement.
En 1919, après l’armistice de 18 Novembre 1918, ces établissements étaient prêts à fonctionner dès le premier Octobre de l’année suivante.
C’est ainsi que je me suis trouvé à l’école française le 01/10/1919 en même temps que des dizaines d’élèves inscrits entre 06 et 12 ans, répondant à la convocation de l’enseignement obligatoire. J’avais déjà appris un hizeb en arabe auprès de Sidi Mohamed (Béchour) et ai changé d’orientation.
A cette époque, l’école était constituée de deux bâtiments parallèles, de chaque côté d’une cour de récréation où prônait une fontaine avec eau courante (Robinet, donnant sur deux bassins cimentés, le premier était carré et devait servir au rinçage du linge, le second plus long, aux bords incurvés pour faciliter le lavage).
A l’est, il y avait la 2ème classe, puis la 1ère classe avec une porte de communication, ensuite un atelier plein d’outils de jardinage qui pouvait servir d’écurie pour le mulet de Mr Halet Ali.
A l’ouest, il y avait le logement de l’adjoint (01 pièce cuisine) et le logement du directeur (03 pièces cuisine) qui communiquaient. En guise de jardin, il y avait des blocs de pierres impressionnants qui ne tarderont pas à laisser place à des carrés de jardin aux multiples allées.
Les premiers instituteurs installés à Agouni-Gueghrane étaient Mr et Madame Grimal (Un ménage) de véritables apôtres venus de leur auvergne après un stage d’une année à l’école normale de Bouzareah afin d’apprendre des rudiments d’arabe parlé, indispensable à la compréhension dans un pays où personne ne parlait français. Le directeur d’Agouni-Gueghrane pouvait visiter les écoles à classe unique du douar (Mr Bitam à Azounène, Louani à Tizi Mellal et Mr Kessal Mouloud à Agouni Fourou).
Mr Grimal, chasseur invétéré ne tardera pas à ouvrir un cours d’adultes pour nos villageois qui manquaient parfois de tâches en étudiant la lettre h, h devient hi fellakh. Ce maître n’a rien de commun avec le dernier français que nous avons subi, Mr grégoire de funeste mémoire, administrateur de la commune de Fort National, un enfant de Belcourt qui nous aida sans le vouloir à nous débarrasser de tous les français après une résistance mémorable.
Mr Grimal resta 04 ans à Agouni-Gueghrane dirigeant la classe des vieux : Mekhtoub Mouloud, Merbouche Rabah, azem rabah, Attoui akli etc… alors que sa femme s’occupait de la classe des jeunes 06 à 07 ans. Cet excellent pédagogue fût muté sur sa demande à Ighil Bouzrou. Il prendra sa retraite au cours complémentaires de Boussaâda.
Arrivent ensuite les successeurs de Mr et Mme Halet, lui originaire d’Ighil Imoula, marié à une institutrice française.
La succession était heureuse. Ce couple d’une activité exemplaire. On défonça le jardin, on construisait un mur de soutènement du côté ait mohamed. Mr Halet contacta les parents des meilleurs élèves et nous commanda des livres de travail : Arithmétique, Histoire de France, Histoire d’Algérie, Géographie, Grammaire et connaissances usuelles, un puits de science et de culture.
Alors commencèrent les premiers examens du certificat d’études. Les premiers succès : Assam Arab en 1925, Bekri Kaci, Beddek Mohamed, Morsli Hocine, Achab Lekhdar en 1926.
1926 Assam Arab au cours complémentaire Sarrouy.
1927 Beddek Mohamed au même cours complémentaire.
1928 Bekri Kaci à Sarrouy avec Beddek.
Mekhtoub Meziane et Aouni Amar à tizi-Ouzou.
1930 Bekri Kaci premier breveté de la région (Seul succès de C.C)
1931 Beddek Mohamed est admis à l’école normale.
Mr et Mme Halet furent mutés sur leur demande à ait Atteli après avoir eu moult succès au certificat d’études. Il fut remplacé par les frères Si ahmed, dont l’aîné, un simple moniteur, envoyait des bouteilles d’huile dans la plupart des familles. Suivirent Bayoud Aissa, Ait Said et Aiche ahcène à l’époque du scoutisme.
Plus tard Beddek Mohamed s’y installera, précédent mr Bekri Kaci, les militaires, Mr Aouni Mohamed, Mr Temmar Boukhalfa, Mr Tekal, Me Menous Hocine.
Quel changement a connu cette petite école depuis sa naissance. En 1950, on y construisit deux classes et deux logements qu’on vient de supprimer.
C’est le 28 Août 1956 que je fus arrêté par la D.S.T au sein de cette école en même temps que 28 autres désignés nominativement par Arab Oukaci qui venait de se constituer prisonnier. Après 07 mois de prison à Tizi-Ouzou, je filais droit sur Alger après une condamnation à 01 an de prison avec sursis. Je fus installé dès Octobre 1957 professeur au cours complémentaire Sarrouy où j’avais passé ma jeunesse.
Quant au petit Ru de Agouni-Gueghrane, il ne tarde pas à devenir un fleuve avec ses tentacules qui débordent à l’extérieur en même temps que l’arabisation.
C’est en 1950 que j’obtins ma mutation à Agouni-gueghrane dont j’étais président du centre municipal depuis 1947. Je débarquais de l’école d’azounène, amenant, dans ma valise , quatre (04) élèves de cette école qui ont servi de modèle aux enfants d’agouni très en retard (Mr beddek Mohamed bien que normalien n’a jamais dépassé le CM1 jusqu’à sa mise à la retraire). J y ai formé une véritable pépinière outre le succès des quatre élèves d’ait El Kaid en 1951 (Mr Temmar Boukhalfa, yebou Ramdane, Tikrane Said, Lamara Mouloud).
Je donne ici pour mémoire, une liste approximative des certifiés de cette modeste école : Assam Arab, Beddek Mohamed, Bekri Kaci, Morsli Hocine, Akeb Slimane, Mekhtoub Meziane, Mekid Chabane, Nesnas Boussad, Mezahem Mohamed, Metahri Mohamed Said, Bekri Amar, Bekri Slimane, Bekri Mouloud, Bekri Belaid, Bekri Ahcène, Bekri Mourad, Bekri Ghani, Allek Moussa, Beldi Ahcène, Behtane Ahcène, Azem Abdelkader, Aouni Mohamed, Nesnas Mouloud, Abchiche amar, Mekid Achour, Behtane Amar, Behtane Belkacem, Behtane Hamid, Baouane Mouloud, Baouane Amar, Baouane Mohamed, Zendjebil , Arab, Akli, Halliche Mohamed, Baguenane Idir, Allek Ahmed. Liste arrêtée à arkoub Azougagh le 15/10/1996.
Lors de ma dernière année dans cette école minuscule en 1956, il y eu 07 réussites au certificat d’études sur 07 et 06 succès sur 07 au concours des collèges techniques.
Citons Behtane Ahcène , professeur à la Sorbonne, son frère Amar Médecin à Paris.
Mais le plus brillant de mes élèves a été TAHAR DJAOUT qui n’a jamais eu moins de 16/20, à qui j’ai porté sur le bulletin de notes « Il viendra un jour où ton pays sera fier de toi », la première victime du FIS.
BEKRI Kaci
ON EST JAMAIS AUTANT VIVANT QUE LORSQU' ON EST MORT
Videos de Mr Nabil Achab en hommage aux personnes disparues :
Les rameaux de feu de Mohamed Ifticene
Adapté du livre » Le grain dans la meule » de Malek OUARY